Hello les sexploratrices đ
IT’S FRIYAY! Et ce vendredi, on parle de baisse de libido avec les Questions BrĂ»lantes đ„ Vous avez Ă©tĂ© nombreuses Ă poser plein de questions sur le sujet et on adore ça !
Laurane Wattecamps, la sexologue officielle du Wellnest et Ă la tĂȘte du compte Instagram sexplique_moi (tu attends quoi pour la follow ?!), a rĂ©pondu Ă chacune de vos questions avec toute sa douceur et pĂ©dagogie đ„° Pour celles qui ne savent pas encore, Laurane peut vous recevoir en consultation si vous souhaitez un rendez-vous individuel. Pour ce faire, il suffit de se rendre sur son site en cliquant ici.
On sait que vous mourrez d’envie de lire ses rĂ©ponses, alors c’est parti !
Bonne lecture â€ïž
« J’ai du mal Ă me positionner (notamment politiquement) par rapport Ă la baisse de libido au fil du temps dans un couple. On prĂ©sente souvent ça de façon assez caricaturale genre « la mort du couple » : des vieux qui ne dorment plus ensemble, ne baisent plus, ne s’aiment plus. Du coup j’ai l’impression que ça rend super angoissantes les pĂ©riodes de baisse de libido, et que ça met une trĂšs grosse pression (surtout sur les femmes).
Donc je voudrais savoir si c’est normal qu’aprĂšs des annĂ©es, un couple ait moins de libido ? Est-ce qu’on doit lutter contre ça, voir des thĂ©rapeutes de couple pour raviver la flamme etc., ou est-ce qu’il faut plutĂŽt dĂ©dramatiser l’importance du sexe dans le couple et ne pas se stresser ? Est-ce qu’une perte de libido dans le couple veut dire qu’on ne fait « pas bien » l’amour, genre que le mec est pas assez open et ne touche pas bien sa copine, et que si on se donnait plus de plaisir mutuellement on n’aurait pas cette baisse de libido ? Ou est-ce que ça c’est une perspective trĂšs culpabilisante sur le sexe, et en fait mĂȘme en baisant comme des dieux on finit par se lasser ?
Bref, je sais pas trop comment mon fĂ©minisme s’articule autour de ces questions-lĂ donc toute opinion sur le sujet est la bienvenue ! »
Je te rejoins tout Ă fait sur ces croyances bien ancrĂ©es comme quoi un couple qui fait moins, ou plus du tout, lâamour est un couple condamnĂ©. Et par consĂ©quent, « ne sâaime plus ». Câest lĂ , selon moi, la premiĂšre croyance Ă dĂ©construire : le sexe et lâamour nâont rien Ă voir. On peut utiliser le sexe comme moyen dâexpression de lâamour mais il en existe mille autres et il nây a aucune raison fondamentale de penser quâun couple qui nâa plus de rapports sexuels ne sâaime plus. Et effectivement, rester ancrĂ©.e dans ces fausses vĂ©ritĂ©s met une pression Ă©norme qui peut amener certaines personnes Ă se sentir anormales, Ă remettre en cause leur façon de faire et de recevoir la sexualitĂ© de lâautre mais aussi leur couple dans son entiĂšretĂ©.
Mais prenons la chose Ă lâenvers, cela signifie-t-il quâune personne asexuelle est condamnĂ©e Ă ĂȘtre malheureuse ? Je ne crois pas. Câest un Ă©lĂ©ment que nous prenons beaucoup en compte dans les suivis thĂ©rapeutiques : la souffrance. La libido est par nature fluctuante. Elle diffĂšre selon les individus, les pĂ©riodes de la vie, et plein dâautres facteurs. Donc oui, il est possible, voire frĂ©quent, quâau bout de plusieurs annĂ©es de couple, la libido diminue. DĂ©jĂ parce que le dĂ©sir a besoin dâair pour sâalimenter, quâune routine ficelĂ©e, quâelle soit confortable ou pas, laisse moins de place Ă ce dĂ©sir pour sâexprimer. Et si le couple ne sâen sent pas malheureux, oĂč est le problĂšme ? Ca ne signifie pas non plus que la situation actuelle est le reflet dâune gĂ©nĂ©ralitĂ© pour lâavenir. Peut-ĂȘtre que lâĂ©nergie sexuelle trouvera un moyen de sâexprimer dans des pĂ©riodes plus propices Ă la dĂ©tente, pendant des vacances par exemple.
NĂ©anmoins, il est important de savoir que le dĂ©sir peut aussi sâalimenter. La flamme, comme tu dis, demande parfois de remettre une buche sur le feu. Ce sont lĂ des choses quâon peut mettre en place si on en ressent lâenvie. Il me semble dommage de penser que la sexualitĂ© doit couler de source. On peut la nourrir, lui donner une place mais aussi la mettre en pause, entre parenthĂšses, du moment que ça correspond Ă nos besoins Ă lâinstant T. Et voilĂ bien une notion fondamentale sur laquelle prendre un temps de rĂ©flexion pourrait amener des pistes de rĂ©ponses : identifier ses besoins, Ă soi, loin de lâavis des autres, des idĂ©aux, des carcans sociĂ©taux. Quand tu utilises le mot « lutter », je lâentrevois dans une notion de combat oĂč la sexualitĂ© qui sâamenuise est perçue comme une perte. On pourrait aussi choisir de la voir comme une partie de nous dont on va prendre soin si câest ce que lâon souhaite, tout en acceptant quâelle ne soit pas une prioritĂ© Ă tout moment.

« Je me pose pas mal de questions par rapport aux consĂ©quences dâune baisse de libido « asymĂ©trique ». Quand une seule personne au sein dâun couple vit une baisse de sa libido et pas lâautre, que faire pour rassurer lâautre partie ? »
Communiquer sera central. On a tendance Ă associer une libido asymĂ©trique au rejet, ce qui va toucher Ă de nombreuses questions dâĂ©go : est-ce que lâautre ne mâaime plus ? Est-ce que je suis moins dĂ©sirable ? Est-ce que câest de ma faute ? On touche Ă la confiance en soi et lâautre, par son non-dĂ©sir, peut avoir un effet miroir qui place la personne en demande face Ă des peurs trĂšs inconfortables.
Aussi, la personne qui a moins de libido peut avoir Ă©galement des peurs : si ça ne revient pas, y a-t-il un risque de rupture ? Lâautre continuera-t-il.elle Ă mâaimer si la sexualitĂ© nâoccupe plus la mĂȘme place quâavant ?
Communiquer sur ces questions me semble indispensable, mĂȘme si ce nâest pas notre rĂŽle Ă proprement parler que de guĂ©rir les blessures de lâautre. Verbaliser quâune diffĂ©rence de libido ne signifie pas un manque dâamour ou dâattirance physique peut dĂ©jĂ ĂȘtre une solution. Aussi, jâentends souvent en consultation quâen raison dâune baisse de libido ou dâune asymĂ©trie, on a tendance Ă sâenfermer dans la situation et Ă lâĂ©riger comme un gros problĂšme dans le couple, au lieu de simplement lâaccueillir et laisser les choses venir (plus facile Ă dire quâĂ faire, câest certain). Cet enfermement a souvent pour effet une diminution significative de la tendresse au sein du couple. Or, ce nâest pas parce quâil nây a pas ou plus de sexe que la tendresse doit disparaĂźtre.
« Je me demandais si la baisse de libido est vraiment en lien avec la pilule ? Est-ce qu’il y a des variations en fonction du cycle de la femme ? »
La diminution de la libido fait partie des effets secondaires possibles de la pilule contraceptive. Mais ce nâest pas aussi simple que ça.
Pour certaines personnes, le fait de se sentir protĂ©gĂ©.e dâun risque de grossesse indĂ©sirĂ©e a un effet boostant sur la libido par exemple. Maintenant, je ne peux pas nier, et mĂȘme Ă titre personnel, quâune contraception qui ne nous convient pas peut endormir le corps et diminuer les sensations corporelles de libido. Si elle ne vous convient pas, il est important dâen parler avec votre mĂ©decin ou gynĂ©cologue.
Concernant le cycle menstruel, oui, la libido peut varier en fonction de celui-ci. Mais encore une fois, ça dĂ©pend vraiment dâune personne Ă lâautre. Certaines auront une envie accrue au moment de lâovulation, dâautres au moment des rĂšgles. Au final, mĂȘme si des Ă©tudes ont tirĂ© des conclusions, je pense que le plus important est dâĂȘtre Ă lâĂ©coute de son corps et de respecter ses envies et non-envies. Nous sommes tou·te·s diffĂ©rent·e·s et personne ne peut mieux savoir que nous-mĂȘmes.
« Ăa fait 8 ans que je suis avec mon copain, Ă©videmment on ne fait plus l’amour tous les jours comme au dĂ©but, on fait l’amour diffĂ©remment. Et alors ? Si ça nous convient Ă tous les deux de ne faire l’amour qu’une ou deux fois par semaine, est-ce qu’il faut vraiment faire quelque chose ? đ€ »
Jâai envie de te dire que la rĂ©ponse est dans ta question ! Pourquoi faudrait-il y faire quelque chose si ça vous convient Ă tous les deux ? Câest mĂȘme merveilleux pour moi de lire ce « et alors ? ». Quoi de plus chouette que de vivre sa sexualitĂ© sans aucune rĂšgle, aucune norme et de simplement ĂȘtre Ă lâĂ©coute de soi-mĂȘme sans tenir compte des autres et des injonctions !
Une relation implique des ajustements tout du long. Ătre en paix avec ça, câest un signe de bonne santĂ© sexuelle selon moi ! Et quâimporte la frĂ©quence. Tu aurais le mĂȘme discours en me disant « on fait lâamour une fois par an » que je te fĂ©liciterai tout autant.

« Depuis que je vis avec mon copain, je ne ressens plus aucune envie de coucher avec lui. Je pensais au dĂ©but que c’Ă©tait liĂ© Ă la pilule, mais dĂ©sormais je n’ai plus aucun dĂ©sir du tout. »
Je manque dâinformations concrĂštes pour te donner des pistes. Si cette absence de dĂ©sir provoque une souffrance ou des questionnements qui prennent beaucoup de place dans ton quotidien, consulter un.e sexologue pourrait ĂȘtre aidant. Jâentends que tu as identifiĂ© un point de dĂ©part Ă cette disparition du dĂ©sir, soit lâemmĂ©nagement ensemble. Il peut ĂȘtre intĂ©ressant de te questionner sur les facteurs qui ont changĂ©. Dans quelles circonstances se manifestait ton dĂ©sir auparavant ? Y a-t-il dâautres Ă©lĂ©ments qui pourraient ĂȘtre en cause ? NâhĂ©site pas Ă mâĂ©crire ou Ă prendre un rendez-vous si tu le souhaites.
« Est ce qu’on est obligĂ©e de « s’inquiĂ©ter » d’une baisse de libido ? Dans mon cas, je me dis que c’est juste une phase liĂ©e aux antidĂ©presseurs que je prends depuis peu et qu’il y a a moyen de faire l’amour de maniĂšre super sensuelle et/ou de partager des moments trĂšs intimes sans sexe mĂȘme avec une baisse de libido. C’est vrai que j’aimerais bien retrouver ma libido du feu de dieu, mais je me dis simplement que c’est une phase et que ça reviendra quand ça reviendra… J’ai juste pas envie qu’on perçoive une baisse de libido comme un « problĂšme »… »
Une baisse de libido nâest pas un problĂšme : câest normal ! La libido nâest pas une ligne droite tracĂ©e dans le temps. Elle est fluctuante par nature. Câest un problĂšme uniquement si ça implique de la souffrance. Et encore, si cette souffrance est lâexpression dâune impression dâanormalitĂ© par rapport Ă la sociĂ©tĂ©, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de la questionner.
De fait, les antidĂ©presseurs peuvent avoir un effet sur le dĂ©sir sexuel, et oui il est possible de mettre des choses en place si tel est ton souhait. Mais personnellement, je pense que la sexualitĂ© peut aussi ĂȘtre mise de cĂŽtĂ© quand on a dâautres prioritĂ©s. Et prendre soin de sa santĂ© mentale me semble tellement important quâon peut aussi accepter cet effet secondaire et accueillir sans juger. La sexualitĂ© peut prendre une autre forme, Ă travers la sensualitĂ© ou des moments intimes et tendres comme tu le dis si bien.
Jâai tendance Ă croire quâon serait tou·te·s beaucoup plus heureux·ses si on ne jugeait pas aussi sĂ©vĂšrement les Ă©volutions de notre sexualitĂ© et quâon les acceptait comme on accepte les alĂ©as de la vie. Si la sexualitĂ© Ă©tait un job, on saurait que parfois on sây Ă©panouit, parfois on prĂ©fĂšrerait dormir que de partir travailler, parfois on aurait des projets qui nous excitent, parfois on aurait envie de tout plaquer pour un autre job, parfois on ne la percevrait pas comme un travail mais comme une passion, et parfois on aurait besoin de prendre congĂ© pour mieux revenir.

C’est (dĂ©jĂ ) la fin de la premiĂšre partie de l’article sur la baisse de libido. On espĂšre que cet article vous a plu, inspirĂ©es et/ou apaisĂ© les inquiĂ©tudes que vous pourriez avoir sur la question.
Comme l’a si bien dit Laurane, la libido n’est pas linĂ©aire. Alors n’oubliez pas d’Ă©couter votre corps et vos besoins. C’est essentiel pour une vie sexuelle Ă©panouie đ
On se retrouve la semaine prochaine pour la deuxiĂšme partie des Questions BrĂ»lantes đ„
Bisou sur ta fesse gauche !
La Team Wellnest â€ïž